• Notre monde est certainement malade. Pas besoin de chercher beaucoup de preuves à cette affirmation, il suffit de voir les nouvelles de chaque jour dans les journaux, à la télévision ou sur internet, ou simplement de marcher ou de circuler dans les rues de nos villes de tous les coins du monde.

    Et puisque le monde est malade, nous sommes tristes, nous nous plaignons et nous cherchons les coupables. Devoir de justice ? Peut-être, mais soyons sincères un instant : d’où vient cette voix en nous qui cherche toujours la faute chez les autres ?

    Ne passons-nous pas une grande partie de la journée à juger les autres et à nous plaindre d’eux ? N’est-ce pas là une maladie héréditaire de l’homme depuis qu’il existe sur cette terre et qu’il pense ?

    Alors que faire ? Ne plus nous plaindre ?

    Le véritable problème n’est pas tellement que nous nous plaignions, mais surtout que nous pensons trop souvent du mal des autres. Là est toute la racine du mal tellement contagieux qui envahit du matin au soir notre humanité fatiguée.

    Imaginons qu’on arrête un jour de penser du mal des autres, alors soudain plus personne ne se plaindrait, nos visages seraient tout de suite bien plus ouverts et sereins, l’atmosphère générale serait complètement transformée.

    Evidemment vous me direz que c’est impossible de ne pas voir ce que les autres font de mal devant nous tout au long de la journée, et surtout de ne pas réagir, car nous avons tout de même la responsabilité de changer la situation, de corriger les autres là où ils se trompent et nous causent du tort.

    C’est vrai, vous avez sans doute raison. Mais vous pensez qu’on va très loin en ayant toujours raison et surtout raison contre l’autre ?

    Alors je vous propose une manière nouvelle de gérer nos journées. Vous serez bien d’accord que le temps de chaque jour est toujours trop court pour tout faire. Chacun de nous doit choisir ses priorités. Et si notre priorité était d’abord de chercher tout ce qui se vit de positif autour de nous et d’y apporter notre contribution ?

    Lorsqu’un sportif est à l’œuvre, ou bien un acteur, un artiste, quelqu’un qui est en train de créer un nouveau chef d’œuvre, il se concentre sur son travail, il n’a certainement pas le temps de s’attarder à voir ce que les gens font de mal autour de lui, à moins que vraiment quelqu’un l’empêche directement de travailler.

    Alors pourquoi ne nous levons-nous pas le matin en pensant : je vais faire de ma journée un chef d’œuvre, une nouvelle création qui fasse avancer l’humanité ? Et je vais chercher pour cela à collaborer avec tous ceux qui travaillent dans cette même direction et qui sont peut-être bien plus nombreux que ce que j’aurais imaginé. Il suffit de voir sur facebook toutes les belles initiatives positives qui naissent à chaque instant aux quatre coins du monde pour réveiller le monde de sa léthargie.

    Je ne parle pas ici des gens qui ont une responsabilité directe d’éducateurs en famille, à l’école ou ailleurs et qui doivent tout de même corriger les fautes et les erreurs. Mais laissons les éducateurs à leur travail et ne nous érigeons pas nous-mêmes en éducateurs universels qui veulent corriger le monde entier. Au besoin les gens, beaucoup de gens, apprendront à se corriger tout seuls en voyant notre exemple positif.

     

    Mais arrêtons cette marée de pensées mauvaises et négatives qui ne servent qu’à obscurcir un peu plus la nuit qui nous envahit ! Mettons-nous à penser vraiment à tout ce qu’il y a de bien et de beau autour de nous et consacrons notre temps à le mettre en lumière. Le reste commencera à tomber tout seul de lui-même.


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  • Je viens de lire, il y a quelques jours, la réflexion d’un ami italien, journaliste, écrite rapidement sur facebook, où il communiquait sa surprise à la publication par un journal italien d’une recherche soi-disant scientifique sur l’amitié. Cette recherche réalisée par la Royal Society Open Science affirme qu’on ne peut pas avoir plus de 150 amis, parce que notre cerveau est organisé pour gérer au maximum 150 relations.

    Pauvre science et pauvres amis ! Mais quelle expérience ces gens-là ont-ils de l’amitié ? On dirait qu’ils comptent les amis comme des pommes de terre. Je ne vais pas défendre ici facebook où certaines personnes collectionnent parfois 2000 ou 3000 amis, ce ne serait pas sérieux. Il est d’ailleurs impossible de savoir de l’extérieur si les amis qui s’affichent sur facebook sont des amis véritables, des connaissances superficielles ou de simples fans (lorsqu’on est par exemple un artiste ou un homme public).

    Non, venons-en au vrai sens de l’amitié. Je crois qu’un des critères de l’amitié est la réciprocité dans la confiance. Lorsqu’on entre dans le cœur de l’autre et que l’autre entre dans le nôtre, il se passe un phénomène extraordinaire : toute notre personnalité s’élargit. Nous ne sommes plus la même personne qu’avant, notre horizon intérieur et extérieur a pris soudain une toute autre dimension. Nous nous sentons transformés, heureux, comme si nous avions enfin trouvé le trésor pour lequel nous étions faits.

    Car nous ne sommes pas faits pour rester seuls au monde, à regarder les personnes, les évènements et les choses, assis dans notre fauteuil de spectateur, ce serait une vie bien triste ! Non, nous sommes faits pour partager notre humanité avec nos frères et nos sœurs, pour pleurer et nous réjouir ensemble sur notre sort, pour nous mêler ensemble à la bataille de la justice, de la paix et de l’harmonie entre les hommes. Car l’amitié est bien sûr apprendre à se regarder en découvrant réciproquement la beauté et la grandeur de l’autre, mais elle est aussi en même temps regarder ensemble le monde et se jeter, la main dans la main, dans cette bataille terrible qui veut encore croire que l’humanité a de beaux jours devant elle, malgré tous ses conflits et ses épreuves.

    Mais ce que nos amis « scientifiques » n’ont pas l’air d’avoir compris, c’est qu’un ami représente en fait pour moi toute l’humanité. Chaque fois que mon esprit et mon cœur s’ouvrent à une nouvelle personnalité qui entre en moi et me change de l’intérieur, ce n’est pas seulement un ami que j’ai gagné, c’est toute l’humanité qui se découvre un peu plus à moi, dans une dimension nouvelle à laquelle je n’avais pas encore goûté. Car ce nouvel ami est lui aussi le fruit de centaines et de milliers d’amitiés ou au moins de rencontres vécues au cours de sa vie. Les amis ne sont pas des objets que je mets dans des tiroirs cloisonnés qui n’auraient pas de lien entre eux. « Les amis de mes amis sont mes amis », dit le proverbe. Lorsque je rencontre un nouvel ami, il va découvrir en moi sans le savoir tous ceux qui ont enrichi ma vie jusqu’à ce jour. Il va trouver en moi ma famille, mes connaissances, mon peuple même.

    Lorsque je suis venu au Liban, puis peu à peu, dans presque tous les autres pays du Moyen Orient, lorsque Robert, Georgette, Sleiman, Rima ou Ghassan, Wael ou Rula, Mourad ou Sherine sont devenus mes amis, ce sont tous les peuples du Liban, de Syrie, de Jordanie, d’Egypte ou d’ailleurs qui sont devenus en même temps mes amis. Et ce ne sont pas là des mots en l’air : ces amis peuvent en témoigner.

    Alors, m’amuser maintenant à compter combien j’ai de vrais amis, ce serait ridicule et je ne veux pas le savoir, car cela voudrait dire établir une frontière entre ceux qui seraient de vrais amis et les autres, ce serait mettre des limites à ma recherche passionnée de l’humanité tout entière qui s’arrêtera seulement le jour où mon cœur aura cessé de battre.

     

     

     


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  • Oui, je suis désorienté, et vraiment triste en même temps ! Je viens de lire le titre d’un article du « Monde » qui se demande sans aucune nuance : « L’Arabie saoudite et l’Iran sur le sentier de la guerre ? » Et pourtant le journal « Le Monde » est un journal sérieux dont les analyses sont souvent vraiment éclairées. Mais, cette fois-ci, cela dépasse les bornes. On ne peut d’ailleurs pas penser que cet article soit innocent. Beaucoup de gens, ici au Moyen Orient, ont déjà leur interprétation toute prête : l’Occident et les Etats-Unis en particulier ont décidé de faire la guerre à l’islam. Et ils croient que la meilleure manière de la faire est de discréditer l’islam, pour qu’il tombe tout seul, se désagrège de l’intérieur et s’écroule comme un château de cartes. Il y a sûrement des hommes politiques qui le pensent et qui l’espèrent.

    Je n’ai pas les éléments pour évaluer vraiment l’ampleur de ce phénomène, mais je ne peux que tirer l’alarme une fois de plus. On ne fait pas la paix avec son ennemi en le discréditant, en l’aidant à s’autodétruire, on fait la paix avec son ennemi en misant sur ce qu’il porte en lui de positif, en mettant tout en œuvre pour que ce positif prenne le dessus sur les démons qui existent au cœur de chacun.

    Sinon, on va tout droit vers une nouvelle catastrophe, dont on n’imagine pas les conséquences et qui se déversera en fin de compte sur tout le monde. Il y a ici un gros problème de responsabilité. Des hommes politiques bien sûr, mais aussi de la presse. Un journal sérieux ne peut pas vivre seulement pour informer soi-disant de manière impartiale, même s’il doit tâcher de le faire, mais il doit diffuser des idées, des réflexions qui construisent l’humanité. Ou bien sommes-nous des gens définitivement malades qui ont besoin de voir le mal et la souffrance des autres pour attiser leur curiosité ? Sommes-nous devenus des badauds qui se regroupent au coin de la rue pour commenter les accidents des autres, qui courent au cinéma pour voir des hommes s’affronter et qui finissent par voir les autres et le monde entier comme les acteurs d’un film à rebondissement qui nous aide à sortir de l’ennui ?

     

    Sommes-nous devenus des monstres qui nous jetons comme des vautours sur tout ce qui est malsain dans le monde ? Ou, pire encore, avons-nous des pensées cachées, travaillons-nous pour les puissances de ce monde qui croient profiter des conflits des autres pour vendre encore plus d’armes et s’enrichir sur la misère du monde ? 


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  • Elle est sympathique cette expression, pleine de sagesse populaire : « plus de peur que de mal ». Et c’est vrai que la peur n’est qu’un sentiment qu’on peut en principe toujours dépasser. La peur n’est pas un mal en soi. Elle vous arrive souvent à l’improviste, sans toujours qu’on sache pourquoi, mais elle est toujours aussi une belle occasion de réfléchir à ce qui nous arrive et d’agir en conséquence.

    Ce qui est sûr c’est que la France a peur en ce moment. Moi qui ne vais en France qu’une fois par an pour quelques jours, j’ai été frappé et désorienté cette année, lors de ma récente visite, de voir les proportions de cette crise qui a risqué de paralyser presque tout le pays, une panique qui a failli le pousser à tirer des conclusions étranges, au risque de renier toute une tradition démocratique qui fait quand même notre fierté.

    Mais finalement la France a eu peur d’avoir peur et elle a compris que tout cela était un piège et qu’il ne servait à rien de s’agiter à ce point. La peur a tout de même bien des aspects positifs, elle oblige à regarder en face certaines réalités qui dérangent, à appeler les choses par leur nom : si au moins on pouvait en tirer des conséquences positives.

    Mais, une fois passé le moment difficile, ne pensez-vous pas qu’on doit prendre tout cela comme une belle leçon, une leçon de vie ? La peur d’une catastrophe écologique a tout de même poussé les gouvernants du monde entier à être un peu plus sages pour résoudre les problèmes de l’environnement. Mais l’environnement n’est que notre habitation planétaire, les habitants ne sont-ils pas plus importants que la maison ? Le moment n’est-il pas venu de réaliser des changements concrets dans les relations entre les hommes pour que notre vie ensemble devienne plus harmonieuse ? Ou bien allons-nous nous contenter de nous replier sur nous, sur nos peurs et nos angoisses ? Les terroristes et les marchands d’armes, qui sont alliés par intérêt stratégique, n’attendent que cela : paralyser l’humanité, la faire tomber dans ce piège mortel où ils pourront continuer à se jouer de nous autant qu’ils le voudront.

     

    Alors espérons simplement que nous en resterons là et qu’on pourra vraiment dire à la fin : « plus de peur que de mal. » L’humanité est trop belle pour qu’on gâche encore son avenir comme on a failli gâcher son présent. Et si elle a su se relever de deux guerres mondiales qui l’ont poussée au bord du précipice, on peut quand même croire qu’il y a encore assez de bon sens en chaque personne et surtout en chaque peuple pour inventer des lendemains un peu plus attrayants.


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  • Je vais vous faire une confidence un peu délicate. Je crois que j’ai beaucoup de chance d’avoir grandi dans une famille où les parents se sont entredéchirés pendant des années parce qu’ils étaient chacun sûr d’avoir raison. J’en ai gagné une méfiance terrible envers tous ceux qui pensent avoir raison « contre » les autres. Je crois avoir déjà écrit dans ce blog que la seule raison valable et positive, c’est celle qu’on découvre « avec » l’autre.

    J’ai donc une allergie extrême contre toute division qui se base au départ sur des conflits d’opinion. Je me sens tout de suite mal à l’aise, désorienté lorsqu’on s’aventure sur ce terrain. Qui aurait donc raison, les jeunes ou les vieux, les catholiques ou les orthodoxes, les chrétiens ou les musulmans, les politiciens de droite ou ceux de gauche ?

    Mais ne voyons-nous pas que tous ont certainement de bonnes raisons pour penser ce qu’ils pensent. Alors personne ne possède la vérité ? C’est évident : la vérité n’est pas une réalité qu’on « possède », surtout dont on aurait le monopole et qui manquerait complètement à l’autre. La vérité « est », tout simplement, elle pénètre en nous par notre intelligence et notre conscience. Mais cette intelligence et cette conscience ne seront jamais absolues, elles sont limitées par les limites humaines qui caractérisent chacun de nous. Et ces limites font que nous n’aurons jamais une perception totalement claire ou pure de n’importe quel type de vérité.

    Mais imaginons maintenant que je grimpe sur une montagne. J’ai un ami qui grimpe aussi, mais il se trouve de l’autre côté de la montagne. Je lui parle au téléphone et il me dit que la montagne est verte. Ce n’est pas possible, parce que moi je vois bien qu’elle est jaune. Suis-je à ce point borné que je ne peux pas imaginer que la montagne peut avoir des couleurs différentes selon ses côtés ? J’ai raison de la voir jaune de mon côté et mon ami a sans doute raison de la voir verte chez lui. Au moins nous sommes tous les deux d’accord qu’il s’agit d’une montagne. Si l’un de nous prétendait que c’est une plaine, alors il faudrait au moins se mettre d’accord sur les termes.

    Mais le problème est-il vraiment de savoir si la montagne est verte ou jaune, ou bien de grimper en progressant vers le sommet où nous pourrons tous ensemble voir la vérité plus complète ? Car c’est au sommet que je verrai qu’en fait la montagne a des couleurs différentes selon ses versants et que j’aurai perdu bien du temps à me disputer avec mon ami sur nos visions réciproques.

     

    Le problème n’est donc pas tellement de savoir comment est la montagne, comment est la vérité, mais ce que je peux tirer de positif et de constructif de la part de vérité que j’ai perçue avec mes limites. Si j’ai confiance que mon ami plus jeune, ou orthodoxe, ou musulman, ou d’un autre parti politique que le mien, se sert de la vérité qu’il a découverte pour le bien de l’humanité, alors tout va bien. Un jour ou l’autre nous nous retrouverons heureux ensemble au sommet de la montagne. Et si cela n’arrive pas vraiment durant nos vies si brèves, nous aurons au moins préparé le chemin pour que les générations futures se retrouvent finalement là-haut toutes ensemble, là où la vue est plus variée et plus complète à la fois.


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