• Après avoir parlé de la déformation de la fausse réciprocité qui se détourne égoïstement vers des intérêts personnels au lieu de vivre par amour pour les autres, nous allons faire un pas important dans notre recherche en méditant un moment sur ce que toutes les religions appellent « la règle d’or ».

    « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas que les autres fassent pour vous. » Ou bien, dans une version encore plus positive, « Faites aux autres ce que vous voulez que les autres fassent pour vous. » Si on l’appliquait à la lettre chaque jour dans toutes les religions ou toutes les cultures, l’humanité se porterait tellement mieux. Il n’y aurait plus de guerres pour commencer, parce que personne ne peut souhaiter une guerre à ses frères ou sœurs en humanité. Il n’y aurait plus de faim dans la monde car on se serait mis d’accord pour distribuer équitablement toute la nourriture du monde. Et combien de maux, de conflits et de problèmes souvent stupides seraient évités par cette attention à l’autre comme on aimerait que l’autre prenne soin de nous.

    Cette règle d’or est déjà un beau principe de base de la réciprocité entre les hommes, même si nous verrons qu’elle ne suffit pas. Elle est seulement un cadre pour que la réciprocité se développe à tous les niveaux de la société. Mais ce qui est déjà un pas énorme vers la fraternité que vise la règle d’or, c’est que l’on commence d’abord à voir la réciprocité comme un devoir, une responsabilité et non pas avant tout comme un droit ou un dû que j’attends des autres.

    Si je pense que la réciprocité est belle et importante, cela change tout de me jeter à l’eau le premier en essayant d’être une réciprocité active et concrète pour mes frères et sœurs sur cette terre, en pensant que l’autre se sentira poussé à en faire de même. Quand on attend que l’autre commence, quand on prétend qu’il déverse sur nous sa réciprocité, on ne risque pas d’aller bien loin et la réciprocité devient vide et artificielle et l’on n’a plus d’autre choix que d’en faire des contrats, du commerce où elle va perdre bientôt tout son sens. Mais la réciprocité est un long voyage passionnant et nous en sommes encore aux toutes premières étapes… (Encore à suivre)

     


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  • [Encore de la fausse réciprocité]

    Une phrase vue par hasard sur les réseaux sociaux et qui m’a fait beaucoup réfléchir. C’était à propos de la crise du « Covid 19 » au cours de cette année : « Paris décide d’imposer la ‘réciprocité’ à la Grande-Bretagne ! »

    Mais ici qu’est devenue la réciprocité ? Une sorte de contrat qu’on veut imposer à l’autre pour essayer de le dominer dans la guerre sans merci que les peuples se livrent pour gagner leur place au soleil et leur liberté au détriment de celle des autres ? Pauvre monde qui vit encore la loi de la jungle ! Mais comme il devient évident que tous les peuples aujourd’hui sont de plus en plus interdépendants et que nous avons toujours plus besoin les uns des autres, on se résigne à faire des contrats où on oblige l’autre à signer pour être sûr qu’il ne va pas nous trahir dès que nous aurons le dos tourné. C’est un monde où règnent la méfiance et la suspicion.

    Elle est encore bien loin cette réciprocité que Dieu a proposée à l’humanité dans ce Pacte d’alliance où chacun se confie de tout cœur à l’autre dans la confiance la plus totale. La différence va donc être entre le pacte scellé par deux êtres ou deux groupes en totale liberté et confiance et le contrat qu’on s’oblige à signer avec l’autre pour être sûr que l’autre ne reviendra pas en arrière. Tout va se jouer ici. Et notre recherche va être encore bien longue et passionnante… (Encore à suivre)


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  • [La fausse réciprocité]

    La vraie réciprocité qui nous attire est celle d’un amour pur qui libère. Mais voilà que notre monde malade est en train de la détourner de son but, par intérêt égoïste ou pire encore. Voilà ce qu’on trouve en faisant des recherches sur la réciprocité sur internet.

    Vous pouvez trouver sur YouTube « comment utiliser le principe de réciprocité pour vendre ». C’est apparemment génial. Je vous laisse faire vous-mêmes vos recherches si vous êtes curieux. Cela veut simplement dire que la réciprocité serait devenue une sorte de commerce pour réussir en affaires.

    Mais il y a pire encore : « utiliser le principe de réciprocité pour manipuler ». On vous explique que la réciprocité « c’est se sentir redevable lorsque quelqu’un nous fait une faveur ou un cadeau ». Alors, comme « on ne veut pas être perçu comme quelqu’un d’ingrat », on se laisse finalement « manipuler » par toutes sortes de personnes qui vous font des services ou des faveurs. Ces personnes ont donc au départ une intention cachée et leur but est simplement de faire de vous ce qu’ils veulent. C’est un détournement total du sens de la réciprocité qu’on trouve dans l’amour réciproque qui serait notre idéal.

    Ou, pour finir, on vous présente la réciprocité comme « un désir de rembourser » l’autre qui nous a justement fait ce service ou cette faveur. Les relations entre les hommes deviennent alors du pur commerce ou le critère de la réciprocité est l’argent ou la richesse.

    Comme nous sommes loin de cette relation d’accueil et de don total à l’autre que nous évoquions dans notre premier article ! Mais notre recherche ne s’arrête pas là. Nous aurons encore bien des surprises… (Encore à suivre)


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  • J’ai décidé de plonger avec vous pendant quelques jours au cœur de cette « réciprocité » qui n’est pas seulement une des rubriques de notre blog, mais sans doute aussi son plus grand trésor.

    On pourrait contempler la réciprocité sous une foule d’angles de vue, mais pourquoi ne pas partir tout simplement de la Trinité de Dieu puisque c’est là que tout a commencé ? Et puisque l’homme a été créé à l’image de ce Dieu qui est à la fois un et trine, et trine dans la réciprocité la plus infinie et la plus totale. Une réciprocité que nous ne pourrons jamais vraiment imaginer tant que nous ne verrons pas Dieu face à face et que nous ne serons pas plongés définitivement en Lui.

    La réciprocité en Dieu, c’est la relation d’amour entre le Père et le Fils dans l’Esprit. Car Dieu n’est pas seulement trois Personnes distinctes qui s’aiment de toute éternité, mais il est en même temps la relation d’amour éternel entre ces Personnes divines. Notre pauvre intelligence humaine tellement limitée, même si elle est la perle de la création, ne parvient pas à saisir comment plusieurs réalités peuvent à la fois être « une », complètement fondues l’une dans l’autre, et en même temps absolument distinctes l’une de l’autre.

    Et c’est pourtant ce qui se passe en Dieu. Mais dans notre monde terrestre limité par le temps et l’espace, on ne parvient à concevoir tout cela que par étapes. Et si l’on imagine le Père qui se donne tout entier au Fils dans l’Esprit et le Fils qui accueille de tout son être la vie divine du Père, on est obligé sur la terre de voir le don du Fils qui se donne totalement au Père comme si c’était dans une étape successive, un retour au Père de l’amour du Fils qui se donne « à son tour » au Père.

    La réciprocité divine échappe au temps que nous connaissons sur la terre, mais pour la comprendre ici-bas on est bien obligé de passer par le temps. Et c’est là que la réciprocité, qui est joie parfaite, amour merveilleux de donation totale dans l’équilibre entre le don et l’accueil réciproques, se voit soudain menacée par le temps. Car lorsque je me donne à Dieu ou à mon frère de tout mon cœur, je dois maintenant attendre le moment du retour sans jamais être sûr que ce moment arrivera. La joie parfaite se transforme tout à coup en angoisse. La peur que ce frère ou cette sœur à qui j’ai risqué de me donner dans une immense générosité va me laisser maintenant tout seul avec mon don inutile et m’oublier ou même me trahir pour chercher ailleurs sa réciprocité à lui. Et l’accueil et le don qui auraient dû me remplir de béatitude infinie vont devenir maintenant mon cauchemar de tous les jours. C’est tout cela qui est en jeu dans la réciprocité…

    Je sais bien que mon discours est ici volontairement provocateur. Mais il est bon de se rappeler que nous ne sommes pas encore au paradis. Nous sommes sur cette terre où règne souvent le mal avec toutes ses divisions. Mais nous savons en même temps que nous pouvons suivre un Dieu qui a donné sa vie pour nous, pour que nous commencions à goûter son paradis dès maintenant sur la terre, en nous exerçant chaque jour à cette réciprocité avec lui et entre nous. La réciprocité ne peut donc pas être encore pour nous un « repos éternel », mais une bataille, une conquête de chaque jour, à la fois si difficile et pourtant si belle, si fascinante, qui donne un sens au long cheminement de notre vie, qui nous remplit d’espoir si nous savons nous remettre à chaque instant dans la bonne direction… (A suivre)


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  • Oui, j’ai récemment écrit sur les réseaux sociaux : « C’est beaucoup plus facile de croire ensemble ». Et je voudrais m’expliquer un peu aujourd’hui, ou du moins commencer à le faire, car c’est là le sujet et le défi de toute une vie que nous n’allons pas cerner en quelques mots…

    J’ai souvent réagi contre l’idée parfois répandue que la foi est un dépôt ou une assurance, une acquisition du passé sur laquelle nous nous appuyons pour aller de l’avant, une foi que nous posséderions et que nous pouvons donc « perdre » à tout moment. Je pense que la foi est bien plutôt un mouvement de confiance et d’amour de celui qui se jette dans l’instant présent dans ce futur à construire qui s’ouvre à lui et qui est tout de même chaque fois un saut dans l’inconnu : c’est le sens de la parole sémitique « amen » qui a toujours été un symbole de notre foi.

    La foi véritable se vit beaucoup plus vers l’avant, elle s’invente à nouveau chaque jour. Car c’est la foi en un Dieu que nous sentons peut-être parfois tellement présent, mais que nous ne voyons pas encore face à face : « Bienheureux ceux qui croient sans avoir vu », a dit Jésus. Au ciel la foi et l’espérance n’existeront plus, car nous baignerons en Dieu pour toujours et seul l’amour restera.

    La foi est bien sûr un mouvement de l’âme éminemment personnel. Mais cela ne veut pas dire que chacun est isolé tout seul à la vivre dans son coin. Cet individualisme formidable, qui a envahi en particulier notre occident malade, nous fait penser que nous sommes chacun plus nous-mêmes quand nous agissons et nous décidons tout seuls sans l’aide des autres. Pourquoi cette aide des autres nous empêcherait-elle d’être pleinement nous-mêmes ?

    Si nous sommes entrés dans la démarche de foi, nous le devons d’abord au témoignage de personnes qui nous l’ont transmise d’une manière ou d’une autre, à commencer en général par nos parents. Puis notre foi s’est intériorisée, personnalisée et est devenue plus adulte au fil du temps. Mais d’abord la foi véritable n’est jamais elle-même toute seule dans un coin de notre âme, indépendante de toute la dynamique de notre vie intérieure qui se construit peu à peu autour de cet amour de Dieu que nous recevons et que nous partageons. L’Evangile de Saint Jean est extraordinaire en ce sens, où la foi et l’amour sont tellement interdépendants qu’on pourrait souvent les confondre.

    Ce que nous ne pensons pas assez, c’est que quand je prie, quand je crois, c’est déjà toute la Trinité qui s’invite à le faire en mon cœur et en mon âme, le Père, le Fils et l’Esprit qui coopèrent sans cesse à me faire avancer vers eux et en eux. Mais comme cette foi n’est pas seulement une foi théorique en Dieu, mais aussi un mouvement de confiance en ce Dieu présent dans nos frères, ou par exemple une découverte de chaque instant de la présence de Jésus sur la croix de nos souffrances et de la souffrance des autres, le mouvement de la foi en nous devient une sorte de chasse au trésor de Dieu qui se cache un peu partout. Dans nos frères, dans la nature, en nous, dans son Eglise, dans les plus faibles et les plus pauvres, dans tous les signes qu’il nous a laissés à commencer par l’eucharistie et la parole de l’Ecriture…

    La foi investit en même temps notre esprit, notre cœur, notre âme, notre volonté et tout cela se fait bien sûr chacun personnellement, mais avec en nous la présence de ceux que nous aimons et qui nous aiment et même la présence mystérieuse de Dieu que nous avons deviné, qui se trouve caché et enfoui peut-être sous la cendre, même chez ceux avec qui la relation est difficile. La vie de foi est en quelque sorte comme l’avancée en haute mer au milieu des vagues de nos compagnons de voyage qui tour à tour nous poussent, nous soulèvent, nous heurtent peut-être et nous freinent mais qui finalement nous portent de l’avant. Si la liturgie latine récite chaque dimanche le « je crois en Dieu », j’aime beaucoup ces liturgies orientales qui disent le « nous croyons en Dieu ». Ce ne sont pas deux mouvements opposés, mais au contraire harmonieusement entrelacés. Et la conséquence positive, c’est qu’un jour nous y voyons moins clair et ce sont nos amis qui continuent à croire pour nous et demain ce sera nous qui les aiderons à avancer. Nous serons alors beaucoup plus sûrs que notre foi et notre prière seront celles de ces « deux ou trois unis au nom de Jésus » qui attirent sa présence au milieu d’eux qui les portera directement au Père dans l’Esprit. Vouloir se débrouiller orgueilleusement tout seul ne sera jamais une bonne solution.


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