• Accueillir est encore un des plus beaux verbes qui existent. Ce n’est pas pour rien que je l’ai choisi dans ma « vision des quatre verbes » avec être, donner et refuser. Et pourtant, si vous faites des recherches, vous verrez qu’il n’est pas si souvent utilisé. Vous ne trouverez pas aussi facilement des citations du verbe accueillir que celles de chercher ou d’ouvrir, les deux premiers verbes sur lesquels nous nous sommes penchés.

    Pourquoi cela ? Sans doute parce qu’accueillir donne une certaine idée de passivité. L’homme préfère peut-être faire, dire, travailler, être celui qui prend l’initiative. Tandis qu’accueillir est seulement une réponse à l’initiative de l’autre. Cela est-il tellement gênant ?

    Il suffit de réfléchir un seul instant et d’essayer de penser comment nous sommes venus au monde pour nous rappeler que la vie, au moins au départ, est toujours un don reçu. Reçu de Dieu pour ceux qui croient en lui, ou au moins reçu de nos parents, de la nature. A un certain moment une réalité immense et mystérieuse nous a été transmise. Et tout le début de notre vie a été consacré à recevoir, recevoir de l’affection, de l’attention, des paroles, des conseils, toute une éducation qui nous ont peu à peu formés.

    Alors fallait-il partir d’abord du verbe recevoir pour être plus logique ? Pourquoi pas ? Ce serait intéressant de méditer aussi sur ce verbe merveilleux. Mais je crois qu’accueillir a en général une qualité en plus. Accueillir est normalement extrêmement positif. Je sais qu’on peut dire : j’ai été mal accueilli dans cette famille ou dans ce pays, mais le plus souvent accueillir quelque chose ou quelqu’un signifie le recevoir en ouvrant tout grands son cœur ou ses bras.

    Pour accueillir il faut donc d’abord que quelqu’un soit venu nous donner quelque chose ou simplement se présenter lui-même. Je vais donc accueillir un cadeau, une nouvelle ... Je vais accueillir chez moi, ou dans mon bureau un visiteur, quelqu’un que je connais depuis longtemps, ou au contraire un inconnu qui m’a été envoyé pour que je m’occupe de lui.

    Dans l’accueil il y a souvent un aspect nouveau de surprise, un nouvel engagement avec quelqu’un, pour quelques minutes, pour quelques jours ou peut-être même pour toute la vie.

    Accueillir est déjà prendre une belle responsabilité, parce que si je refuse ou je rejette ensuite celui que j’ai accueilli, je vais provoquer un conflit, un drame peut-être qui va envenimer ma vie et celle de celui que j’avais bien reçu au début, mais avec qui je ne veux pas continuer la route, parce qu’il m’a peut-être déçu, trompé, fait du mal, ou simplement parce que je suis tout à coup occupé à autre chose de plus important et je n’ai plus le temps d’aller au bout de mon premier accueil. Combien de blessures, de traumatismes naissent d’un accueil interrompu, souvent sans qu’on en comprenne les raisons profondes !

    Si l’on apprenait chaque jour un peu plus à accueillir, je crois qu’il n’y aurait plus de routine ou d’ennui dans notre vie et beaucoup de problèmes s’évanouiraient comme par enchantement. Car je peux accueillir ma journée lorsque j’ouvre mes yeux le matin, je peux accueillir de manière positive les nouvelles qui m’arrivent quelles qu’elles soient. Je peux accueillir le nouveau travail qu’on me propose au bureau, le problème de mon voisin, la question compliquée qu’on vient de me poser, la demande d’aide ou de service.

    Mais surtout ce sont des personnes que je vais accueillir tout au long de la journée, des élèves à l’école, des clients dans un magasin, une vieille dame perdue qui ne sait pas ce qu’elle doit faire ni où elle doit aller, un collègue qui cherche une bonne adresse pour soigner son enfant malade, un touriste qui n’arrive pas à s’exprimer.

    Je peux même accueillir des difficultés ou des problèmes que j’aurais eu envie de fuir au premier abord. Mais n’est-ce pas en me concentrant de tout mon cœur sur un problème que j’ai plus de chance de le résoudre ? Alors que si j’essayais de l’ignorer parce qu’il me dérange, il finirait par me retomber dessus et me gâcherait la journée.

    Accueillir, c’est le début de la sagesse, c’est le premier pas pour une relation avec les autres, c’est la porte ouverte sur mille découvertes, c’est le secret de l’aventure humaine sur cette terre. Si je me levais chaque matin pour accueillir sincèrement tout ce qui va m’arriver et tous ceux que je vais rencontrer, la vie vaudrait vraiment la peine d’être vécue. Mais je suis sûr que tout le monde en a déjà fait l’expérience. Il faut seulement se donner du courage pour ne pas s’arrêter en route, ne pas se fier aux apparences en commençant à mettre des conditions à notre accueil : l’accueil jouera vraiment son rôle s’il sait s’ouvrir à 360 degrés quelles que soient les circonstances ou les personnes. C’est alors que commencera sans doute la vraie liberté. Facile à dire ? Bien sûr. Mais ce n’est pas si difficile que cela à réaliser, surtout que celui qui sait accueillir ne se sentira au fond jamais seul et il retrouvera une foule d’amis pour l’accueillir à son tour le jour où tout semblera s’obscurcir devant lui. Qui sème l’accueil ne peut que récolter un jour ou l’autre l’accueil de l’autre, dans la symphonie harmonieuse des relations humaines.   

     

     

     

    Citations à méditer

     

    « Je me lève, je suis très calme. Les mois et les années peuvent venir. Ils ne me prendront plus rien. Ils ne peuvent plus rien me prendre. Je suis si seul et si dénué d'espérance que je peux les accueillir sans crainte. » (Erich Maria Kramer)

    « Ne reculer devant rien ; accueillir l'inconnu avec joie ; ne pas gémir inutilement sur la souffrance, mais en faire, avec fermeté, un fond noir pour les joies claires afin d'accroître leur éclat. » (Elizabeth Goudge) 


    « Un
    esprit qui s'est agrandi pour accueillir une idée nouvelle ne retrouvait jamais ses proportions originales. » (Roger Jon Ellory) 


    « Le
    bonheur amoureux est la preuve que le temps peut accueillir l'éternité. » (Alain Badiou) 


    « Ma
    vraie liberté, c'est ma présence - accueillir ceux qui viennent à moi, irradier vers ceux qui m'accueillent. Je ne suis libre que si je peux quitter mon Moi. Non plus me répéter, mais me transformer, devenir. » (Vincent Cespedes) 


    Au-delà de la rencontre amoureuse, j'appelle relation d'amour un partage inconditionnelcelui qui aime peut accueillir et amplifier l'amour de l'autre et offrir le sien sans réticence ni limite. » (Jacques Salomé) 


    « Au
    fond, tout vrai lecteur est également bibliophile. Car qui sait accueillir un livre et l'aimer de tout son cœur souhaitera aussi le faire sien, le relire, le posséder et le savoir toujours à portée de main. » (Hermann Hesse) 


    Mon patriotisme ne connaît aucune exclusive. Il est prêt à accueillir le monde entier 
    Pour moi, patriotisme rime avec humanité. Je suis patriote parce que je suis homme et humain. » (Mohandas Karamchand Gandhi) 


    « La
    France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part. » (Michel Rocard) 


    « La
    seule façon de renforcer notre intelligence est de n'avoir d'idées arrêtées sur rien, de laisser l'esprit accueillir toutes les pensées. » (John Keats) 


    « Un
    esprit qui s'est élargi pour accueillir une idée nouvelle ne revient jamais à sa dimension originelle. » (Oliver Wendell Holmes)

     

    « Ils (les jeunes) sont à l'âge où la société devrait les accueillir à bras ouverts; or elle se présente face à eux comme une forteresse bouclée, cadenassée ... » (Albert Jacquard) 


    « L'
    amour est un cadeau qu'il vous faut être prêt à accueillir, sinon vous ne pouvez l'apprécier à sa juste valeur et vous risquez alors de le laisser s'enfuir. » (Catherine Bensaid)

     

     

    Dans la Bible

     

    « Le séjour des morts s'émeut jusque dans ses profondeurs, Pour t'accueillir à ton arrivée ; Il réveille devant toi les ombres, tous les grands de la terre, Il fait lever de leurs trônes tous les rois des nations. » (Is 14,9)

     

    « Nous devons donc accueillir de tels hommes, afin d'être ouvriers avec eux pour la vérité. » (3 Jn 1,8)

     

    «  L'Éternel exauce mes supplications, L'Éternel accueille ma prière. » (Ps 6,10)

     

    « Quand on châtie le moqueur, le sot devient sage ; Et quand on instruit le sage, il accueille la science. » (Pr 21,11) 

    « Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » (Mc 6,11)

     « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille ne m’accueille pas moi, mais Celui qui m’a envoyé. » (Mc 9,37) 

     

    « Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux. » (Lc 15,2)

     

    « Accueillez-vous donc les uns les autres, comme Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. » (Rm 15,7)

     

    « Aristarque, mon compagnon de captivité, vous salue, ainsi que Marc, le cousin de Barnabé, au sujet duquel vous avez reçu des ordres (s'il va chez vous, accueillez-le). » (Col 4,10)


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  • (voir l’article précédent du 27 mars)

    Elle vous a plu ma vision des quatre verbes ? Sans doute un peu, c’est assez curieux et original peut-être. Mais vous vous demandez quand même si ce n’est pas artificiel ou forcé de vouloir résumer toute une vie en quatre petits mots, aussi importants soient-ils.

    Eh bien, d’accord, je vais essayer de relever le défi. Vous allez me dire sans doute qu’un des aspects les plus marquants de notre vie de tous les jours, c’est que nous sommes constamment appelés à agir, à faire, à travailler, à nous occuper. Comment relier tout cela à être, accueillir, donner et refuser ? Vous allez voir que c’est au fond très simple.

    « Etre » d’abord : puis-je faire sans être ? C’est possible, je serais un pauvre robot dépourvu de conscience, de décision ou de volonté, manipulé par les autres. C’est certainement un des visages de l’esclavage. Il existe malheureusement encore, dans notre monde moderne, des hommes et des femmes qui travaillent comme des bêtes, sans même savoir pourquoi, mais qui y sont obligés et qui ne penseraient jamais à dire : « J’agis, donc je suis. Je fais, donc je suis. Je travaille, donc je suis. » Mais c’est seulement une déformation, terrible, car elle enlève à l’homme le sens même de son humanité. Car c’est certainement en faisant et en travaillant que nous apprenons particulièrement qui nous sommes, le sens de notre personnalité et de notre destinée.

    Mais quel rapport peut-il y avoir entre faire, « accueillir » et « donner » ou « se donner » ? C’est là l’essentiel de notre sujet d’aujourd’hui. Pourquoi l’homme est-il appelé à faire ou à travailler ? Pour gagner sa vie ? Certainement. Pour mieux organiser aussi sa vie de tous les jours : habitation, nourriture, santé, transports, éducation, culture, détente. Il y a beaucoup à faire pour que tout marche. On passe l’essentiel de sa journée à travailler. Mais comment travaille-t-on ? C’est là la question qu’on doit se poser. J’accomplis mon travail à la hâte pour qu’il finisse le plus tôt possible ? Je ne pense qu’au moment où je pourrai me reposer après le travail, prendre des vacances et finalement, dans quelques années, ma retraite ? J’évalue l’importance de mon travail en fonction du salaire que je recevrai à la fin du mois ? Il y a beaucoup de façons de se situer par rapport à son propre travail.

    Beaucoup de gens ne sont malheureusement pas heureux dans leur travail, ils le vivent comme un fardeau lourd dont ils auraient tant aimé se passer. Mais il faut reconnaître que l’on trouve tout de même des gens qui sont heureux d’aller le matin au travail, qui se sentent réalisés par la tâche qu’ils ont trouvée, qui leur permet de développer des talents, d’assouvir même parfois leurs passions. La seule manière d’ « être » véritablement en travaillant, nous allons voir que c’est en « accueillant » son travail de tout son cœur que l’on va y parvenir. Je serai véritablement homme, un homme réalisé (ou une femme réalisée), le jour où j’irai au travail pour « accueillir » la tâche qui va m’être demandée comme un don précieux, une occasion unique, une possibilité exceptionnelle. Je serai pleinement moi-même lorsque je me rendrai à mon travail comme on va à un rendez-vous amoureux, à une rencontre qui va nous combler. Alors je serai actif dans mon travail, je l’améliorerai chaque jour, je le développerai, je lui inventerai de nouveaux buts ou de nouvelles fonctions. Ce ne sera jamais monotone.

    Mais surtout je serai heureux dans mon travail lorsqu’il m’apportera l’occasion de m’y donner tout entier, de faire fructifier mes talents au service des autres et de la société tout entière. C’est vrai que le travail va me récompenser par un salaire à la fin du mois ou par des gains réguliers en cours de route.  Mais pourquoi vais-je au travail ? Pour profiter des autres et pour les exploiter ? Ou pour les servir, les faire profiter de mes capacités, leur donner la joie d’accueillir à leur tour le don que je pourrai leur faire ?

    On comprend bien par là, même si l’article d’un blog est toujours trop court pour entrer dans les nuances nécessaires, qu’accueillir et donner ou se donner, est le sel qui donne du goût à notre vie, à nos activités, à nos relations sociales. Et « refuser » dans tout cela ? C’est le sens de ma liberté, comme nous l’avons déjà vu. Je peux refuser de travailler. Mais je peux surtout refuser les conditions de travail inhumaines, pour moi ou pour les autres, qui nous empêchent de nous épanouir au travail. Il y a évidemment beaucoup à faire pour que tous les hommes soient vraiment heureux lorsqu’ils travaillent, mais la bataille pour un travail meilleur et plus gratifiant pour tous les hommes est aussi un but pour lequel il vaut la peine de se donner.


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  • Depuis toujours, je rêve de parvenir un jour à comprendre vraiment le sens de la vie et j’imagine que cela doit être aussi le rêve de toute personne qui a au moins un peu de temps pour se demander ce qu’elle fait sur cette terre, le pourquoi de notre existence, de nos amours, de nos souffrances.

    Mais il ne suffit pas de découvrir le sens de la vie, il faudrait aussi pouvoir être capable de l’exprimer avec des mots tout simples, de se l’exprimer à soi-même d’abord pour pouvoir ensuite partager cette découverte avec tous nos compagnons de voyage.

    Eh bien, cela fait quelque temps que je pense avoir finalement trouvé ma formule, ces quelques mots magiques qui ont commencé à illuminer ma vie de tous les jours, qui m’aident à comprendre le sens de tout ce que je fais du matin jusqu’au soir et qui m’aident surtout à dire à ceux que j’aime ce qui me tient le plus a cœur, ce qui me pousse à aller de l’avant, ce qui donne la solution à mes problèmes, ce qui m’apporte au fond la joie et la liberté.

    De grands mots tout cela ? Peut-être ! Et je ne voudrais surtout pas paraître maintenant à mon lecteur comme un individu dans les nuages qui prétendrait avoir trouvé tout seul la vérité. Et d’abord je n’ai pas trouvé « la » vérité. J’ai découvert simplement « ma » vérité et j’aimerais partager avec tout le monde cette découverte, en invitant mes amis, mes frères et mes sœurs, à chercher eux aussi « leur » vérité. Chacun doit trouver passionnément la clé de lecture qui peut illuminer sa route et qui sera peut-être parfois bien différente de la mienne ou de celle des autres. Et puis je n’ai pas trouvé tout seul « ma » vérité. Je ne suis que le fruit de tellement de rencontres vécues pendant des années à droite et à gauche, souvent dans l’harmonie, mais parfois aussi dans l’opposition ou le contraste, qui m’ont beaucoup marqué, fait réfléchir, mis en crise à certains moments et finalement conduit à cette évidence que j’ai envie aujourd’hui de vous communiquer.

    Cette clé de lecture qui est devenue la mienne, c’est ce que j’appelle avec un titre apparemment un peu mystérieux: « la vision des quatre verbes ». Etre, accueillir, donner (ou se donner) et refuser. Rien de plus ? Non, rien de plus, pour moi tout est là si simplement.

    Etre, d’abord, c’est la base de tout, le sens originel et ultime. Je suis. J’aurais bien pu ne pas être et pourtant je constate avec joie, reconnaissance, mais aussi parfois avec une certaine angoisse, que je suis et que je suis moi-même et pas un autre et que je suis bien vivant et que je vis et que j’existe dans un lieu et un temps bien précis qui ne peut être confondu avec rien d’autre.

    Accueillir et donner (ou se donner selon le cas), ce sont les deux visages de l’être. Car l’être que j’expérimente en moi depuis toujours est essentiellement dynamique, en perpétuel mouvement, c’est un être en relation, un être avec, un être pour, ce n’est jamais un être figé, théorique ou abstrait. Et lorsque cet être en moi accueille, c’est qu’il a trouvé en face quelqu’un qui donne ou qui se donne. Lorsqu’il se donne à son tour, c’est qu’il se trouve en face quelqu’un pour accueillir ce don. Perpétuelle réciprocité entre deux êtres, trois êtres, mille peut-être, autant que nos limites peuvent le permettre, qui se rencontrent, s’apprivoisent, se connaissent et se reconnaissent. Et voilà que l’être, à chaque nouvelle rencontre, s’enrichit à son tour, comme en une danse sans fin.

    Mais pourquoi refuser, dans tout cela ? C’est vrai, on dirait que quelqu’un vient gâcher la fête tout à coup, arrêter brusquement ce mouvement de rencontres réciproques. C’est simplement le sens de notre liberté. Je ne suis jamais obligé d’être, d’accueillir ou de donner. A tout moment je peux décider librement d’arrêter tout cela. Ce serait vraiment dommage, c’est évident. Mais je peux aussi refuser de refuser et reprendre librement ma route. Toute négation est aussi un refus. Aujourd’hui je n’accueille pas, je n’accueille plus, je ne donne pas, je ne me donne plus, j’ai décidé de ne pas être. J’ai peut-être besoin de me retrouver seul avec moi-même ? J’ai besoin sans doute de m’arrêter parfois pour comprendre mieux pourquoi à chaque instant j’ai envie d’accueillir et de donner. C’est très important surtout pour ne pas juger maintenant ceux qui, autour de moi, semblent refuser cette harmonie de la réciprocité, ceux qui ne veulent pas accueillir et donner. Ce seront mes frères et mes sœurs préférés, car je devine en eux une blessure, une immense blessure qui les paralyse. Il y a tellement à faire encore pour que l’humanité soit vraiment harmonieuse...

    Je m’arrêterai ici pour aujourd’hui, car je ne voudrais pas fatiguer mon lecteur en devenant trop long, mais, si vous entrez de temps en temps dans ce blog, vous entendrez encore souvent parler de la « vision des quatre verbes ». J’espère qu’elle vous plaira. Dites-moi au besoin ce qui peut vous déranger dans ces quelques mots : trop simpliste, utopique, hors du réel, superficiel, partial ? Je serais heureux de recevoir vos remarques et surtout de savoir quel sens vous trouvez vous-mêmes à votre vie, quelle clé de lecture vous anime, quelle vision vous inspire. Ce sera toujours passionnant de partager.

     


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  • Ouvrir, ou s’ouvrir, est certainement aussi un des plus beaux verbes qui existent. Combien y a-t-il de choses que l’on peut ouvrir et d’actions que l’on peut accomplir en ouvrant ! Depuis des gestes banals de la vie quotidienne jusqu’à l’ouverture sur des horizons infinis.

    Nous pouvons ouvrir les yeux pour voir, regarder ou observer, les oreilles pour entendre et écouter, la bouche pour parler, manger ou goûter. Nous pouvons ouvrir les mains pour demander, prendre ou donner, les bras pour accueillir ou attraper. Mais on peut aussi ouvrir son cœur ou son esprit, on parle bien de gens qui ont l’esprit ouvert. On ouvre une porte, la porte de la maison, d’un magasin, d’un bureau, d’une église, pour entrer, sortir, recevoir et laisser entrer. On ouvre un nouveau centre, on ouvre un passage, une frontière, un trou dans une barrière.

    Je peux également ouvrir une fenêtre pour aérer ma chambre, ou des rideaux pour laisser passer la lumière ou pour commencer un spectacle au théâtre. Durant la journée nous sommes amenés à ouvrir une foule d’objets : une enveloppe, un paquet ou un cadeau, un livre ou un journal, une bouteille, une boîte, une armoire ou une valise, on ouvre toujours parce que quelque chose de précieux ou d’intéressant nous attend. On ouvre également une cage ou une prison pour libérer. On ouvre un compte pour sauvegarder. On ouvre une discussion, un dialogue, des négociations pour mieux se comprendre. On déclare ouverts les Jeux Olympiques.

    Plus beau encore sera souvent le verbe s’ouvrir, car cela signifie en général s’ouvrir soi-même tout entier, sans tenir d’angle fermé, sans réticence. Le ciel s’ouvre pour nous inonder de sa pluie bienfaisante, comme le ciel de Dieu s’ouvre pour nous transmettre un message et une lumière. Je peux m’ouvrir à l’autre, ce qui peut vouloir dire m’intéresser à tout ce qui est important pour lui, ou me confier à lui, partager avec lui tout ce que j’ai dans le cœur. On s’ouvre aussi à de nouvelles réalités, de nouvelles idées. On s’ouvre à la souffrance des autres et à leurs besoins.

    Ouvrir ou s’ouvrir est le plus souvent une démarche éminemment positive. Car cela signifie débloquer ce qui était fermé, laisser passer la vie sous toutes ses formes, se laisser entraîner par l’être en mouvement dans sa dynamique bienfaisante. Mais évidemment nous sommes toujours libres de détourner vers nous-mêmes ou pour des buts malfaisants toute cette beauté de l’ouverture. Je peux ainsi ouvrir ma bouche pour dire du mal, calomnier ou blesser. Je peux ouvrir une brèche ou un passage pour voler. Il nous arrive de rouvrir dans l’autre une plaie qui va le faire souffrir.

    En tous cas on n’ouvre pas non plus n’importe quand et n’importe comment. Ce n’est d’ailleurs pas toujours facile d’ouvrir. Parfois on a même peur avant d’ouvrir, on hésite à le faire. Il faut aussi  savoir attendre le moment juste pour ouvrir. Lorsqu’on a ouvert la porte pour recevoir un hôte, on referme délicatement la porte derrière lui au moins pour quelques heures pour qu’il se sente bien accueilli, à l’aise, au chaud chez nous à la maison. Si l’on tenait la porte toujours ouverte, cela voudrait dire qu’à peine rentré il ferait mieux déjà de repartir.

    Enfin ouvrir peut souvent se marier harmonieusement avec une foule d’autres verbes, comme nous venons déjà à peine de le voir, des verbes importants pour notre dynamique de vie en mouvement dans la réciprocité, comme entrer et sortir, aller et venir, prendre ou donner...Mais cela fera partir des prochaines étapes de notre recherche.

     

    Citations

    Lorsqu'une porte se ferme, il y en a une qui s'ouvre. Malheureusement, nous perdons tellement de temps à contempler la porte fermée, que nous ne voyons pas celle qui vient de s'ouvrir. (Alexander Graham Bell)

     Si je devais recommencer ma vie, je n'y voudrais rien changer ; seulement j'ouvrirais un peu plus grand les yeux. (Jules Renard)

    La bataille contre l'ignorance se gagne tous les jours, et elle finit par ouvrir sur des perspectives insoupçonnées. (Dalaï Lama)

     Un sourire est une clef secrète qui ouvre bien des cœurs. (Baden-Powell) 

    Une oreille attentive est exceptionnelle aussi bien pour celui qui écoute que pour celui qui parle. Lorsque nous sommes reçus à cœur ouvert, sans être jugés, qu'on nous écoute d'une oreille intéressée, notre esprit s'ouvre. (Sue Patton Thoele)

    On ferme les yeux des morts avec douceur ; c'est aussi avec douceur qu'il faut ouvrir les yeux des vivants. (Jean Cocteau)

    La clef qui ouvre toutes les portes... La confiance. (Charlotte Savary)

    Dans la Bible

    « La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence; elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea. » (Gn 3,6)

    « Seigneur ! Ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange. » (Ps 51,15)

    « Ouvre mes yeux, pour que je contemple Les merveilles de ta loi ! » (Ps 119,18)

    « Commencer une querelle, c'est ouvrir une digue; avant que la dispute s'anime, retire-toi. » (Pr 17,14)

    « Ouvre ton coeur à l'instruction, et tes oreilles aux paroles de la science. » (Pr 23,12)

    « C'est la voix de mon bien-aimé, qui frappe : - Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma parfaite! » (Ct 5,2)

    « Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé. » (Ct 5,5)

    « Le Seigneur, l'Éternel, m'a ouvert l'oreille, et je n'ai point résisté, je ne me suis point retiré en arrière. » (Is 50,5)

    « Voici, je lui donnerai la guérison et la santé, je les guérirai, et je leur ouvrirai une source abondante de paix et de fidélité. » (Jr 33,6)

    « Et vous saurez que je suis l'Éternel, lorsque j'ouvrirai vos sépulcres, et que je vous ferai sortir de vos sépulcres, ô mon peuple! » (Ez 37,13)

    « Liban, ouvre tes portes, et que le feu dévore tes cèdres! » (Za 11,1)

    « Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l'on ouvre à celui qui frappe. » (Mt 7,8)

    « Au moment où il sortait de l'eau, il vit les cieux s'ouvrir, et l'Esprit descendre sur lui comme une colombe. » (Mc 1,10)

    « Puis, levant les yeux au ciel, il soupira, et dit : Éphphatha, c'est-à-dire, ouvre-toi. (Mc 7,34)

    « Et vous, soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin de lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera. » (Lc 12,36)

    « Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous commencerez à frapper à la porte, en disant : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! il vous répondra : Je ne sais d'où vous êtes. » (Lc 13,25)

    « Et il lui dit : En vérité, en vérité, vous verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'homme. » (Jn 1,51)

    « Mais un ange du Seigneur, ayant ouvert pendant la nuit les portes de la prison, les fit sortir. » (Ac 5,19)

    « Afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu'ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu'ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et l'héritage avec les sanctifiés. » (Ac 26,18)

     

    « Et je vis un ange puissant, qui criait d'une voix forte : Qui est digne d'ouvrir le livre, et d'en rompre les sceaux? » (Ap 5,2)

     


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    L’idée de cette rubrique est née avec la conviction que le verbe est le centre, le moteur de la phrase. Si l’être est le premier de tous les verbes, celui qui donne un sens à tout, chaque autre verbe va puiser à la source de  cet être, se remplir de l’être qu’il accueille en lui-même pour le donner ensuite et le communiquer à la phrase. Nous entrons alors dans un mouvement perpétuel et réciproque qui commence par recevoir pour offrir ensuite le don reçu.

    Nous voudrions prendre chaque fois un verbe différent, unique dans son originalité, mais enrichi par son interdépendance avec tous les autres verbes qu’il croise sur son chemin, qui le renforcent et lui donnent peu à peu ce caractère spécial qui permet à la phrase d’être au cœur de la relation entre les hommes. Imaginons une phrase sans verbe, ce serait une histoire sans action, une histoire sans histoire, où rien ne se passerait.

     Le verbe c’est le témoin de la vie qui jaillit, se développe et transforme tout sur son passage, c’est surtout le moyen le plus beau que l’homme ait trouvé pour communiquer à ses compagnons de voyage tout ce qui fait justement l’intérêt de ce voyage. Sans le verbe, nous serions comme des sourds et des aveugles qui avancent côte à côte sans jamais pouvoir comprendre ce qui se passe dans le cœur de l’autre. Alors s’arrêter chaque fois sur un verbe, ce sera découvrir ensemble son secret, sa beauté, sa puissance, la force de communication qui l’imprègne. Cela vaut la peine de se laisser émerveiller.  


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